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Saint-Martin d'Hères - Emilie Zaza : le verre au féminin


À tout juste 20 ans, Emilie Zaza devient gérante de la Sogemi, société générale de miroiterie.
Elle féminise ainsi une profession restée très masculine. Portrait.

"Depuis toute petite, mon papa m'emmène sur les chantiers. Le verre ne m'est pas inconnu." Pour Emilie Zaza, fille de Christian Zaza, vitrier-miroitier à Saint-Martin d'Hères depuis de nombreuses années, travailler dans le verre est vite devenu une évidence. Pour assurer son avenir, Emilie passe cependant un BTS technico-commercial en génie électrique et mécanique. Mais ce qui l'intéresse avant tout, c'est le verre. "Le verre est un produit noble. Il est d'usage courant. C'est un produit qui connaît de très nombreuses applications. Il n'y a pas que le double vitrage ou la miroitrie ! Il y a toute la partie décoration. " C'est avec passion qu'Emilie parle de son métier. "J'ai effectué des stages auprès de plusieurs négociants. J'ai travaillé chez papa l'été et les vacances scolaires. Mes parents m'ont tous deux transmis leur passion". Puis les choses ont rapidement évolué pour Emilie, fraîchement diplômée. "Dominique Cusano, gérant de la Sogemi, négocie

en produits verriers, souhaitait se retirer et prendre sa retraite. Lui et mon père m'ont proposé de reprendre la gérance et de racheter les parts sociales de l'entreprise. Après mûre réflexion, j'ai dit oui. C'est un défi que je me suis lancé, un risque qui reste calculé. Il faut s'accrocher, être motivé, croire en ce que l'on fait pour réussir" affirme la jeune femme.

Je suis très polyvalente"

Crée en 1973, la Sogemi dispose aujourd'hui d'un portefeuille de cent cinquante clients. "Mon objectif est de consolider cette clientèle tout en restant à l'échelle de l'agglomération grenobloise". Et Emilie souhaite mettre à l'oeuvre sa formation commerciale : "Si le bouche à oreille est la meilleure publicité, une démarche commerciale dans le bassin grenoblois ne peut être que bénéfique, notamment en direction des artisans. Dans le métier, la concurrence est rude. Surtout pour nous les indépendants qui se font de plus en plus rares. Il faut donc se démarquer par le service car le produit est identique. Verrier, c'est un métier qui reste encore artisanal. C'est un travail essentiellement de façonnage. "
Et depuis qu'Emilie s'est installée à la tête de la Sogemi, elle découvre les multiples facettes de toute entreprise : "Je suis polyvalente : il faut savoir gérer les commandes, les achats, la comptabilité, les devis, la facturation... ". Et déjà, Emilie Zaza a procédé à certaines modernisations comme l'informatisation de l'entreprise, la cration d'un hall d'accueil et la rénovation de l'enseigne.

L'avantage d'être femme... et jeune

Et pour Emilie, être une femme, de surcroît jeune, n'est nullement un handicap. Au contraire. "Verrier est un métier qui reste très masculin, comme toutes les branches du bâtiment. Il y a quelques femmes, de fait que le verre est une matière noble. Il faut démontrer ses capacités, conseiller les bons produits, être cohérant face à sa clientèle. Si professionnellement, il ne peut y avoir de différence entre un homme et une femme, humainement si. La femme peut-être moins agressive qu'un homme. Elle sera plus attentive? Etre femme, je le conçois comme un avantage. D'autant plus qu'aujourd'hui, les femmes sont assez bien acceptées dans des professions dites masculines. Ca se démocratise de plus en plus, et c'est tant mieux!" Consciente que son entourage lui fait confiance, Emilie Zaza raisone : "il faut encourager les jeunes à s'investir dans les entreprises. J'ai la chance d'avoir le soutien de mes parents et d'avoir été formé par Dominique Casanno qui m'a épaulé dans les premières semaines. Si j'ai un problème, je sais vers qui me tourner. C'est un gros plus". Et Emilie Zaza est consciente de la nécessité d'être équilibrée dans sa tête. "je pratique la natation. Si on veut réussir, il faut s'investir sans compter son temps sans cependant ne penser qu'à ça. J'ai 20 ans, j'ai besoin de voir mes amis. Si on est bien dans sa vie, on est bien au travail !"

Vincent Wales •

Source:
Dauphiné Libéré
Dimanche 20 Mai 1999




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